La ‘taxe lapin’ : une rustine sur une plaie béante ? Les médecins des Hautes-Pyrénées s’expriment sur le dilemme de la désertification médicale

La proposition de la 'taxe lapin' suscite des réactions partagées parmi les médecins des Hautes-Pyrénées.

La ‘taxe lapin’ : un effet placebo face à la désertification médicale #

Pour beaucoup, le vrai enjeu est de lutter contre la désertification médicale, un fléau bien plus préoccupant que les rendez-vous non honorés par les patients.

Le Dr Pierre Mesthé, médecin généraliste à Tarbes depuis 45 ans, voit cette taxe comme une tentative de traiter les symptômes plutôt que le mal lui-même. Selon lui, le vrai problème est le déclin du nombre de médecins qui met en péril l’accès aux soins pour tous.

Le nombre de médecins : un véritable sujet d’inquiétude #

Le Dr Mesthé souligne une chute alarmante du nombre de médecins généralistes dans les Hautes-Pyrénées. Il y a 10 ans, ils étaient 260, aujourd’hui ils ne sont plus que 160. À Tarbes, sur 58 postes, seuls 26 sont occupés. Le médecin, qui se prépare à fêter son 71e anniversaire, s’inquiète de l’avenir de ses patients.

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La ‘taxe lapin’, selon lui, ne fera qu’entraver la relation entre le médecin et le patient, sans résoudre le véritable problème.

La réalité de la ‘taxe lapin’ sur le terrain #

Dans le cabinet que le Dr Mesthé partage avec sa fille et une collaboratrice à temps partiel, les rendez-vous manqués sont rares. Il constate que la précarité grandissante de la ville et l’arrivée de migrants n’ont pas eu d’impact significatif sur les « lapins ».

Il reste convaincu que la véritable urgence est de contrer la désertification médicale et de garantir l’accès aux soins pour tous.

La ‘taxe lapin’ : un problème urbain ? #

Le Dr Jean-Daniel Morigny, médecin à Luz-Saint-Sauveur, partage l’opinion du Dr Mesthé. Selon lui, le problème des « lapins » est plus courant dans les grandes villes où les patients recourent à plusieurs plateformes pour prendre rendez-vous et oublient ensuite de les annuler.

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Il insiste sur le fait que la priorité dans sa zone rurale est de lutter contre la désertification médicale, pas de sanctionner les ‘patients fantômes’.

La ‘taxe lapin’ et ses ramifications pratiques #

Une autre question se pose : comment recouvrer cette ‘taxe lapin’ ? Faut-il prendre l’empreinte de la carte bancaire des patients ? Et que faire pour ceux qui n’en ont pas ?

Christine, qui gère le planning de quatre médecins à Maubourguet, au nord du département, trouve cette mesure difficilement applicable. Elle gère en moyenne un « lapin » par jour et pense que ce sont toujours les mêmes personnes qui ne préviennent pas et se plaignent si le rendez-vous n’est pas assez rapide.

Revalorisation de l’acte médical : une urgence #

Pour le Dr Adrien Traissac, un autre médecin du centre médical de Maubourguet, le temps de secrétariat nécessaire pour recouvrer une taxe de 5€, qui se transforme en 2,50€ après charges, est disproportionné par rapport au problème de la désertification médicale et de la revalorisation de l’acte médical.

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Il rappelle que le tarif actuel de 26,50€ la consultation ne permet pas d’investir dans du matériel de diagnostic moderne. Pour lui, la reconnaissance de la médecine générale passe par une prise de mesure plus concrète que la ‘taxe lapin’.

  • La ‘taxe lapin’ : un problème mineur face à la désertification médicale
  • Le déclin du nombre de médecins : une préoccupation majeure
  • La ‘taxe lapin’ : un phénomène plus urbain qu’en zone rurale
  • La recouvrement de la ‘taxe lapin’ : un défi pratique
  • La revalorisation de l’acte médical : une urgence à traiter

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