Voici comment le recensement ravive les tensions au Kosovo : plongez dans une démographie en effervescence

Dans le Kosovo, un petit pays de 10 887 kilomètres carrés, un décompte de population est en cours.

Le Kosovo : une démographie en déclin #

Un tel événement n’a pas eu lieu depuis treize ans. L’ouverture de cette nouvelle consultation, qui s’étend du 5 avril au 17 mai, a ravivé les tensions entre les Kosovars serbes et albanais.

Le Srpska Lista, le premier parti de la minorité serbe, a appelé au boycott de ce recensement. Les autorités expriment par ailleurs leurs inquiétudes quant à une potentialité de chute démographique.

Un pays qui s’effrite peu à peu #

Lors du dernier recensement en 2011, qui fut également boycotté par la minorité serbe, le Kosovo comptait 1,8 million d’habitants. Cependant, ces dernières années ont vu une vague d’exode vers des pays comme l’Allemagne ou l’Autriche.

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Le pays se vide peu à peu de ses habitants, précipitant une pénurie de main-d’œuvre. Selon Jean-Arnault Dérens, rédacteur en chef du Courrier des Balkans, le Kosovo compterait aujourd’hui moins de 1,5 million d’habitants, soit une baisse de 12 % de sa population en un peu plus de dix ans.

Une répartition démographique en mutation #

La répartition de la population entre la minorité serbe du pays et la majorité albanaise pourrait changer dans le futur. Cette situation pourrait attiser les divisions entre Belgrade et Pristina. Selon Alexis Troude, directeur du Département d’études balkaniques de l’Académie internationale de géopolitique, si la population globale diminue et que la minorité serbe reste stable, les Serbes représenteront une plus grande part de la population.

Belgrade pourrait utiliser ce changement démographique comme argument politique pour revendiquer sa souveraineté sur le territoire. C’est une demande qu’elle a fait depuis la création du Kosovo, alors que la population serbe du pays est théoriquement sous la juridiction de l’exécutif albanais.

Des tensions croissantes entre les Kosovars serbes et albanais #

Les relations entre le gouvernement de Pristina et les Serbes du Kosovo sont particulièrement tendues. Le gouvernement du premier ministre kosovar d’Albin Kurti a interdit toute autre devise que l’euro dans le pays, excluant ainsi le dinar serbe. Cette mesure a suscité la colère de Belgrade qui continue de financer un système parallèle de santé, d’éducation et de sécurité sociale pour les Serbes de la région en dinars serbes.

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Ce recensement se déroule dans un climat ultrasensible qui pourrait entraver davantage les accords de Bruxelles de 2013, première étape dans la normalisation des relations entre Belgrade et Pristina. Ces derniers promettaient notamment de garantir la sécurité et l’autonomie à la communauté serbe du Kosovo, y compris sur le plan socio-économique.

  • Treize ans après le dernier recensement, le Kosovo ouvre une nouvelle consultation pour décompter sa population.
  • Le premier parti de la minorité serbe, Srpska Lista, appelle au boycott du recensement.
  • Le Kosovo compte aujourd’hui moins de 1,5 million d’habitants, soit une baisse de 12 % en un peu plus de dix ans.
  • La répartition de la population entre la minorité serbe et la majorité albanaise pourrait changer, exacerbant les tensions entre Belgrade et Pristina.
  • Le gouvernement du premier ministre kosovar d’Albin Kurti a exclu le dinar serbe, provoquant l’ire de Belgrade.

En dépit des tensions, le Kosovo continue de chercher des solutions pour une cohabitation pacifique entre les communautés serbes et albanaises. La situation démographique actuelle, avec une population en déclin rapide, rend les efforts de réconciliation encore plus cruciaux. Alors que le recensement progresse, il reste à voir comment les autorités aborderont ces défis et si elles pourront utiliser cette occasion pour apaiser les tensions et promouvoir une coexistence pacifique.

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